Le service statistique ministériel de la sécurité intérieure, vient de publier un rapport relatif aux victimes d’homicides et de tentatives d’homicide enregistrées par les services de sécurité de 2016 à 2022. On y apprend entre autres que, sur la période, par département, le nombre moyen de victimes de tentatives d’homicides enregistrées par an varie de 0,2 à 43,9 pour 100 000 habitants, les taux les plus élevés étant observés dans les départements d’outre-mer, comme pour les homicides aboutis.

En France, en 2022, les services de sécurité ont enregistré 3 584 victimes de tentatives d’homicide (850 victimes décédées et 2 800 victimes non décédées), soit une hausse moyenne de 8 % par an depuis 2016. On compte ainsi quatre victimes de tentatives d’homicide pour une victime d’homicide abouti (hors attentats) en 2022.

« Au regard du Code pénal, l’homicide et la tentative d’homicide revêtent le même caractère de gravité1. S’il n’y a pas de définition juridique de l’homicide, le Code pénal définit le meurtre comme le fait de donner volontairement la mort à autrui (article 221-1), l’assassinat comme un meurtre commis avec préméditation ou guet-apens (article 221-3) et l’empoisonnement comme le fait d’attenter à la vie d’autrui par l’emploi ou l’administration de substances de nature à entraîner la mort (article 221-5 ») » rappelle le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) qui vient de publier, le 25 janvier dernier, un rapport intitulé « les victimes d’homicides et de tentatives d’homicide enregistrées par les services de sécurité de 2016 à 2022 ». La statistique du nombre d’homicides a été fiabilisée par le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) à partir des éléments descriptifs disponibles depuis 2016 dans les logiciels de rédaction des procédures de la police et de la gendarmerie. « Des travaux similaires de fiabilisation des données enregistrées depuis 2016 par les services de sécurité concernant les tentatives d’homicide viennent d’aboutir. Ainsi, cette publication présente pour la première fois des résultats sur les homicides et les tentatives d’homicide » explique le ministère de l’Intérieur et des Outre-mer.

Contexte et profil des victimes diffèrent selon qu’il s’agit d’un homicide abouti ou d’une tentative d’homicide. Ainsi, concernant le contexte, les tentatives d’homicide sont moins souvent commises dans un cadre intrafamilial que les homicides aboutis (14 % des victimes contre 28 %). Quant au profil de victimes, il s’agit majoritairement d’hommes, que l’homicide soit tenté ou abouti (80 % contre 70 % des victimes). Ces parts atteignent respectivement 81 % et 86 % en dehors du cadre familial. En revanche, c’est l’inverse au sein de la famille, où plus de 60 % des victimes sont des femmes, 66 % pour les homicides et 62 % pour les tentatives d’homicide. Ces parts sont encore plus élevées si l’on se restreint au cadre conjugal, atteignant respectivement 82 % et 73 %.

Par ailleurs, les victimes de tentatives sont globalement plus jeunes que celles d’homicides aboutis. En effet, « plus de la moitié des victimes de tentatives ont entre 20 et 39 ans alors que c’est le cas pour seulement 38 % des victimes d’homicides » précise le SSMSI. Et d’ajouter que les victimes très jeunes ou très âgées sont nettement plus rares en cas de tentatives d’homicide qu’en cas d’homicides : la part des victimes de moins de 10 ans est ainsi de 1 % contre 8 % et celle des plus de 70 ans, de 2 % contre 11 %. À partir de 10 ans, la part des femmes parmi les victimes est toujours un peu supérieure parmi les victimes décédées que parmi les victimes de tentatives mais dans les deux cas, elle augmente régulièrement à partir de 30 ans, pour atteindre respectivement 67 % et 55 % parmi les victimes d’au moins 80 ans.

Lorsque l’on sort du cadre familial, les hommes sont six fois plus victimes de tentatives d’homicide que les femmes. « Globalement, sur l’ensemble du territoire, en moyenne sur la période, on dénombre 1 victime d’homicide abouti et 4 victimes de tentative pour 100 000 habitants. Les hommes sont deux fois plus victimes d’homicides aboutis que les femmes, et 4 fois plus de tentatives d’homicide, avec des taux de victimes pour 100 000 habitants de

1,8 contre 0,8 et 6,7 contre 1,7 respectivement » détaille le SSMSI. Et d’ajouter que les écarts par genre sont encore plus marqués quand les auteurs n’ont pas de lien familial avec la victime. Ainsi pour les homicides aboutis, le nombre d’hommes victimes par habitant est presque cinq fois plus élevé que le nombre de femmes victimes par habitant, et six fois supérieur pour les tentatives. Qu’il soit abouti ou non, hors cadre familial, l’homicide concerne majoritairement les hommes de 20 à 29 ans : 4 et 18 victimes pour 100 000 habitants. Pour les hommes de 30 à 39 ans, les taux sont respectivement de 3 et 13 victimes pour 100 000 habitants. « C’est également pour ces deux tranches d’âges que l’écart entre hommes et femmes est le plus important, les taux masculins étant de 7 à 8 fois supérieurs aux taux féminins. Les taux les plus faibles sont observés pour les enfants de moins de

10 ans et pour les personnes de 60 ans et plus » poursuit le SSMSI.

A l’intérieur du cadre familial, les femmes sont 1,5 fois plus victimes que les hommes de tentatives d’homicide commises au sein de la famille. Autrement dit, quand un lien familial existe entre la victime et l’auteur, ce sont les femmes qui sont le plus souvent victimes, deux fois plus pour les homicides aboutis et 1,5 fois plus pour les tentatives. Soit respectivement 0,4 contre 0,2 et 0,7 contre 0,5 pour 100 000 habitants. « Cet écart se retrouve quel que soit l’âge, à partir de 10 ans, et est maximal pour les personnes âgées de 20 à 39 ans. Les taux de victimes d’homicides aboutis sont alors 3 fois plus élevés pour les femmes que pour les hommes et les taux de victimes de tentatives, 2 fois plus » ajoute le SSMSI.

Les taux d’homicides aboutis et de tentatives d’homicides diffèrent selon la localisation. « Le nombre moyen annuel pour 100 000 habitants de victimes enregistrées de 2016 à

2022, varie ainsi de 0,2 à 11,8 concernant les homicides aboutis et de 0,2 à 43,9 pour les tentatives » précise le SSMSI.

Dans les deux cas, les taux les plus élevés sont situés dans les départements d’Outre-mer. La Guyane détient le record national avec des taux dix fois supérieurs à la moyenne de la France. En moyenne annuelle de 2016 à 2022, en Guyane, on compte 11,8 victimes d’homicides et 43,9 victimes de tentatives d’homicide pour 100 000 habitants. Viennent ensuite la Guadeloupe et la Martinique avec des taux de victimes d’homicide aboutis mais aussi de tentatives d’homicide. Puis, avec un taux beaucoup plus faible mais nettement supérieur à celui du département métropolitain au taux le plus élevé, soit la Seine-Saint-Denis (12 pour 100 000 contre 8 pour 100 000), arrive Mayotte.

Toutefois cette variabilité selon les départements est moins marquée lorsqu’il s’agit d’homicides et de tentatives d’homicides commis dans le cadre familial. « Leur disparité,

mesurée en rapportant l’écart type à la moyenne, est en effet 3 fois plus importante que lorsqu’ils concernent des homicides aboutis ou des tentatives d’homicide perpétrés au sein de la famille ; le taux le plus élevé, pour les homicides comme pour les tentatives, est ainsi 12 fois supérieur à la moyenne nationale contre seulement trois fois dans un contexte intrafamilial. Par ailleurs, les taux départementaux d’homicides aboutis et de tentatives d’homicide, commis en dehors de la famille, sont très fortement corrélés, alors que ce n’est pas le cas dans un contexte intrafamilial » compare le SSMSI. Puis d’ajouter que si les victimes de tentatives d’homicide au sein de la famille restent relativement plus nombreuses dans les départements d’Outre-mer, avec quatre départements parmi les cinq aux taux les plus élevés, il n’en va pas de même pour les homicides aboutis, seule la Guyane figurant parmi les cinq premiers.

Enfin, sur la période, environ 2 500 personnes en moyenne ont été mises en cause par an pour tentative d’homicide, soit deux fois plus que pour les homicides aboutis (1 100). Ce sont très majoritairement des hommes, 91% en cas de tentative d’homicide et 86 % en cas d’homicide abouti ; plus de la moitié a entre 20 et 39 ans (respectivement 58 % et 56 % des mis en cause pour tentative d’homicide et homicide abouti). « Les femmes sont cependant un peu plus nombreuses quand l’auteur a un lien familial avec sa victime. Elles représentent ainsi près d’un quart des mis en cause pour tentative d’homicide intrafamilial, conjugal ou autre. Concernant les homicides aboutis, cette part est de 18 % pour les homicides conjugaux et atteint 37 % quand la victime avait un autre lien familial avec l’auteur. Dans le cas très spécifique des violences volontaires ayant entraîné la mort, perpétrées au sein de la famille en dehors du cadre conjugal, la part des femmes parmi les mis en cause atteint 45 % » souligne le SSMSI.