Après deux années blanches et une saison 2019-2020 amputée de moitié en raison de la crise sanitaire, les croisières ont repris leur rythme la saison dernière avec 223 escales à travers l’archipel. Les perspectives de la saison 2023-2024 qui commence dans quelques semaines sont plutôt bonnes, mais teintées de zones d’ombres.

La Guadeloupe a accueilli 299.879 passagers de croisières et 223 escales durant la saison 2022-2023, après deux années blanches et la pandémie de Covid-19. Comparativement à la saison record de 2017-2018, cela représente 68 escales et 154.000 passagers de moins.

Pour le Grand Port maritime de Guadeloupe (GPMG), la croisière constitue un levier de croissance économique. En 2018 le secteur a rapporté plus de 50 millions d’euros à l’archipel selon le bureau d’études BREA (Business Research and Economics Advisors). Mais comparée aux îles voisines, la Guadeloupe affiche “un léger retard en termes de trafics de croisière, mais poursuit les efforts pour développer cette activité qui constitue un enjeu socioéconomique majeur pour notre territoire”, établit le port.

Des moyens sont mis sur la table par le Grand port maritime, par l’aéroport, ou encore par le Comité du tourisme des Îles de Guadeloupe pour rattraper ce retard. “L’arrêt complet des croisières en mars 2020, faisant suite à l’épidémie de Covid-19, a fortement impacté de nombreuses destinations dont la Guadeloupe. Cette période blanche a été mise à profit pour mettre en place les conditions d’un retour des navires de croisière, en poursuivant les contacts et échanges avec les compagnies. L’ouverture de la saison 2022-2023 en octobre dernier en a été le témoignage.

Cette évolution est le résultat d’un travail de fond mené par les partenaires croisière de la destination auprès des compagnies de croisières accompagné d’importants investissements engagés tant par l’autorité portuaire sur la modernisation des infrastructures d’accueil que par l’autorité aéroportuaire sur l’adaptation des infrastructures pour le traitement rapide des passagers en provenance d’Europe et de leurs bagages”, détaille le GPMG.

Perspectives 2023-2024

Costa Croisières qui vient de fêter ses 75 ans d’existence en Guadeloupe en août dernier, a présenté les nouveautés pour la saison prochaine, avec notamment des vols en provenance de Lyon, Marseille, ou Bâle vers Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, en vue de départs en mer des Caraïbes. Pour le GPMG aussi les perspectives de développement de l’activité croisière sont bien orientées pour la saison prochaine, mais un point alerte particulièrement la structure portuaire : l’application de la nouvelle Directive européenne ETS. “En effet le Parlement européen vient d’approuver le 18 avril 2023, l’élargissement de l’ETS “Emission Trading System’’ au secteur maritime dont la croisière. L’entrée en vigueur de ce dispositif interviendra progressivement entre 2024 et 2030 dès son adoption par les États membres de la Commission européenne. Ce dispositif va entrainer la taxation de tous les navires escalant dans les ports européens avec pour corollaire une application dans les deux régions ultrapériphériques des Antilles, Guadeloupe et Martinique. Si ce dispositif s’inscrit pleinement dans la logique positive de décarbonation de l’environnement maritime avec pour objectif de réduire drastiquement les émissions de GES (gaz à effet de serre) de l’UE d’ici 2030, il y a lieu de s’interroger sur sa répercussion aux deux RUP des Antilles dans une zone Caraïbe composée de 33 États et destinations des navires de croisière ou ce dispositif ne sera pas applicable”, indique le GPMG qui accorde d’ores et déjà une vigilance particulière à ce futur dispositif afin d’en mesurer les effets potentiels sur le développement de l’activité croisière.